Le Capitaine se rend dans un lieu peu rassurant. Il se parle à voix haute pour se rassurer. Pulcinella (ou Arlequin), caché dans un coin, simule l’écho en répétant les fins de phrases du Capitaine.
Et ces fins de phrases sonnent menaçantes, ce qui fait fuir le Capitaine.
ex:
(Le Capitaine entre en scène en portant une chandelle. Il regarde de tous côtés et n’a pas l’air très rassuré.)
Capitaine : (se parlant à lui-même) Ce n’est pas un lieu idéal pour un rendez-vous romantique. Cet endroit ne m’inspire pas confiance et je me sens tout nu sans mon épée. Voilà que je frissonne à présent. Est-ce le froid ? …non, l’air est doux. Est-ce la peur ? … non, non, non, la peur : je ne sais même pas ce que cela veut dire!
(Arlequin entre en scène sans se faire voir du Capitaine. Il se cache dans un coin.)
Capitaine : Qui va là ? Colombine ? Personne… c’est étrange, il m’a semblé voir passer une ombre. (Le Capitaine regarde de tous côtés. Ne voyant personne, il reprend courage et crie bien haut) Ohé, hé là, hé là ! Tu restes caché, brigand ! La peur te paralyse, Vaurien ! Et bien, fuis, abandonne !
Arlequin : (Arlequin, restant caché, fait l’écho et répète chaque fin de phrase du Capitaine) Donne…donne…donne…
Capitaine : Comment : donne ? Que veux-tu que je te donne espèce de trompe-la-mort !
Arlequin : Or…or…or…
Capitaine : Comment ? Tu en veux à mon or, pirate ? Montre-toi et dis-moi qui tu es?
Arlequin : Tuer…tuer…tuer…
Capitaine : On parle de me tuer ? Au meurtre ! À l’assassin ! On veut me tuer ! (Il sort de scène en tremblant de peur et en criant encore) À l’aide, au crime ! On m’égorge, on me trucide, on m’exécute, on me découpe…Arlequin : (sortant de sa cachette en riant) En voilà un que la peur va faire courir jusqu’à l’autre bout de la Terre ! Et croyez-moi, les plumes que porte le Capitaine sur son chapeau…ce sont bien celles d’une poule mouillée !
Favaro, Patrice, En scène, Éditions Casterman, 1994
Favaro, Patrice, En scène, Éditions Casterman, 1994